Les bienfaits
Faire grandir un enfant dans deux langues est une véritable richesse pour son développement linguistique mais aussi cognitif et personnel. C’est lui offrir une ouverture unique sur le monde et une manière vivante d’apprendre à penser et à interagir avec les autres. Les recherches montrent que le bilinguisme apporte de nombreux atouts :
la souplesse cognitive : les enfants bilingues développent une plus grande capacité d’adaptation et une meilleure flexibilité mentale, car ils apprennent à passer d’une langue à l’autre.
l’attention et concentration : le fait de jongler entre deux systèmes linguistiques renforce leurs fonctions exécutives, c’est-à-dire leur capacité à se concentrer, planifier et résoudre des problèmes.
la sensibilité au langage : ils acquièrent une conscience plus fine des sons et des structures du langage, ce qui peut les aider dans l’apprentissage de la lecture et d’autres langues plus tard.
l’ouverture culturelle et sociale : parler deux langues favorise la curiosité, l’ouverture d’esprit et la capacité à s’adapter à différents environnements culturels.
les atouts pour l’avenir : à long terme, le bilinguisme est un véritable avantage dans le monde professionnel et peut même contribuer à préserver les capacités cognitives avec l’âge.
Sources
Bialystok, E. (2011). Trends in Cognitive Sciences, 15(10), 446–454.
Antoniou, M. (2019). Frontiers in Psychology, 10:1797.
Kovács, Á. M. & Mehler, J. (2009). PNAS, 106(16), 6556–6560.
Adesope, O. O. et al. (2010). Review of Educational Research, 80(2), 207–245.
Quel type de bilinguisme?
Selon le moment où les langues entrent dans la vie de l’enfant, on distingue deux grands types de bilinguisme.
Le bilinguisme simultané (ou précoce)
L’enfant est exposé à deux langues dès la naissance ou avant l’âge de 3 ans.
Les deux langues se développent en parallèle, souvent dans des contextes différents (par exemple : une langue à la maison, l’autre à la crèche ou dans la famille).
Caractéristiques principales :
Les deux langues se développent presque au même rythme.
Les étapes d’acquisition (babillage, premiers mots, phrases) sont comparables à celles des enfants monolingues.
L’enfant peut mélanger les langues au début (« code-mixing »), ce qui est normal et temporaire.
Le bilinguisme successif (ou séquentiel)
L’enfant apprend une première langue (L1), puis est exposé à une deuxième langue (L2) plus tard, souvent après 3 ans, par exemple à l’entrée à l’école ou lors d’un déménagement.
Caractéristiques principales :
La première langue est déjà bien installée avant l’arrivée de la deuxième.
L’enfant commence d’abord par comprendre la L2 sans pouvoir s’exprimer, puis l’expression apparaît progressivement.
Il peut y avoir un déséquilibre temporaire : la langue la plus entendue (souvent la langue d’école) progresse plus vite, tandis que la première langue peut s’appauvrir si elle n’est pas entretenue.
Bilinguisme ou retard de langage?
Il faut savoir que les enfants bilingues passent par les mêmes étapes d’acquisition du langage que les enfants monolingues, et dans le même ordre : babillage, premiers mots, combinaisons, phrases.
Les différences concernent surtout la répartition du vocabulaire entre les deux langues. Le vocabulaire de chaque langue peut être un peu moins étendu que celui chez les enfants monolingues du même âge. Mais si l’on considère le vocabulaire total (les mots connus dans les deux langues), les enfants bilingues atteignent des niveaux comparables aux enfants monolingues, voire supérieurs.
Les petites variations de rythme (parfois quelques mois de décalage dans une langue) s’expliquent presque toujours par la quantité et la qualité d’exposition à chaque langue, et non par un retard cognitif.
Cependant, si malgré tout vous vous posez des questions sur le développement du langage de votre enfant bilingue, certains repères peuvent vous aider à savoir s’il serait utile d’en parler à un professionnel, les voici:
Votre enfant ne cherche pas à communiquer (peu de regards, de gestes, de mimiques, d’attention partagée).
Il ne comprend pas ou très peu, de mots ou de consignes simples dans aucune des deux langues.
Il utilise très peu de mots après 2 ans, ou n’assemble pas encore deux mots vers 2 ans et demi.
Son langage n’évolue plus depuis plusieurs mois (stagnation ou perte de mots déjà acquis).
Il reste difficile à comprendre à 3 ans, même pour les proches, ou ne montre pas d’intérêt pour parler.
Si plusieurs de ces signes sont présents, il est conseillé d’en parler à une orthophoniste, à votre pédiatre ou à un centre de PMI. Ces professionnels pourront vérifier si le développement suit simplement son rythme bilingue ou s’il existe un vrai besoin d’accompagnement.
Préserver le français dans un contexte multilingue
Lorsqu’un enfant grandit dans un environnement où le français n’est pas la langue dominante, il peut être intéressant pour elle ou lui de participer à des activités et programmes pendant les vacances. Ceux-ci auront pour but de maintenir et de nourrir la pratique du français dans un cadre naturel et ludique.
Renseignez-vous sur les organismes à Vienne qui offrent des programmes de ce type -l’Institut français de Vienne, l’Association FLAM, La récré des voisines (larecredesvoisines@gmail.com)-.

